Le protectorat britannique

Méhémet-Ali: les fondements de l'Égypte moderne

Le Sultan n'a pas réussi à rétablir la domination et après le départ des Anglais (1803), le chef de l'armée albanaise, Méhémet-Ali, a forcé Constantinople à le reconnaître comme un pacha (1805). Il a mis fin aux Mamelouks en abattant 300 beys (1811). En les envoyant à la conquête du Soudan, il s'est débarrassé des Albanais turbulents et les a remplacés par une armée de conscrits recrutés chez les fellahs (paysans).

Son objectif principal était de promouvoir le développement de l'agriculture et de l'industrie sous l'impulsion du gouvernement égyptien en abolissant le système fiscal d'iltizam. Lorsque les biens de mainmorte (des fondations religieuses) ont été confisqués et que le monopole d'État sur les terres a été établi après la confiscation de l'ancienne classe dirigeante mamelouke, la perception directe des impôts agricoles a été rétablie. Bien que pacha occupa une grande propriété privée, la plupart des terres du village ont été accordées aux agriculteurs. Chaque communauté villageoise devait supporter les impôts et la lourde main-d'œuvre (principaux projets d'irrigation). L'État décide des types de cultures (en particulier le coton, le lin, la canne à sucre, qui doivent être exportés) et est responsable de l'achat et de la revente des produits. Des monopoles industriels et commerciaux ont été créés et l'industrie du textile a été protégée de la concurrence.

Cette politique va exacerber l'hostilité en Angleterre et fragiliser la relation étroite établie entre l'Égypte et la France, d'où viennent plusieurs conseillers, instructeurs militaires (Sèves) ou ingénieurs (Linant de Bellefonds) de pacha. 

Afin de compenser son soutien au mouvement indépendantiste anti-grec du gouvernement ottoman de 1820 à 1827 et les efforts de cet État-tampon pour couvrir ses frontières, Méhémet-Ali n'a pas réclamé la Syrie au Soudan. Il menaçait le Soudan en 1831. Il a envahi Istanbul en Syrie en 1832 mais l'Angleterre s'opposa à ces ambitions et forma une Union européenne contre lui (Grande-Bretagne, Autriche, Russie et Prusse): Méhémet-Ali perdit la Syrie en 1841. En plus du Soudan qu'il conquit, il se contenta aussi de pachalik héréditaire de l'Égypte en 1820-1821.

Said: Poursuite de la politique moderniste pro-occidentale

Le petit-fils de Méhémet-Ali, Abbas Hilmi (1848-1854) lui succèda, congédia le conseiller de son grand-père, suspendit son emploi principal et libèra le Soudan de la haine du consul européen. Il est étranglé à mort par Said (1854-1863), le fils aîné de Méhémet-Ali. Ce dernier a établi une relation privilégiée avec la France. De nombreuses écoles ont été ouvertes selon les ordres religieux français; la fouille a été développée par Mariette. Pacha a réformé le système de propriété foncière en accélérant la mise en place de la propriété foncière privée et l'établissement de biens immobiliers à grande échelle: une importante propriété de l'État a été abolie; le travail forcé a été officiellement aboli; les gens étaient libres de vendre leurs terres et leurs produits fonciers, mais s'ils n'ont pas payé d'impôt, l'État peut récupérer leurs terres.

Les concessions de la dynastie Méhémet-Ali ont permis aux gens de construire de grands domaines et des terres paysannes de plus en plus surpeuplées; l'émergence de la surpopulation: en 1800, la population était tombée à 2 millions, et à la fin de ce siècle, elle atteindra 10 millions.

L'Égypte a repris son rôle d'intermédiaire entre l'Europe et l'Extrême-Orient. Le chemin de fer reliait Alexandrie et Suez en 1859, mais dès 1856, Said avait accordé à Ferdinand de Lesseps la future concession du canal de Suez. En 1863, Ismaïl succéda à son oncle et remporta le titre de khédive en 1867. Le 17 novembre 1869, le canal était architectural.